Centre de papyrologie et d'épigraphie grecque





Une tradition centenaire

Voilà plus de 100 ans que des chercheurs de l'ULB manifestent un intérêt actif pour les papyrus.

Émile BOISACQ (1865-1945), dont le nom reste attaché à d'éminents travaux de grammaire comparée, a obtenu le titre de Docteur agrégé de l'ULB en 1891, l'année même où la révélation de la Constitution des Athéniens et la publication du premier volume des Petrie Papyri marquaient la naissance de la papyrologie. Sait-on que c'est à ce jeune helléniste, féru de dialectologie, que nous devons la première traduction intégrale en langue française des fragments du poète Hérondas, que la collection de Londres avait livrés en même temps que la Constitution des Athéniens?

BOISACQ Émile, Hérondas. Les mimiambes. Traduction française précédée d'une introduction. Paris, Thorin - Liège, Vaillant-Carmanne, 1893, 8°, xx-87 pp.

Peu de temps après, Jean CAPART (1877-1947) s'inscrivait comme étudiant en droit à l'ULB; il était appelé à devenir l'une des figures majeures de l'égyptologie mondiale. L'ULB peut s'enorgueillir d'avoir accueilli l'une de ses premières publications. Il s'agit d'un compte rendu de l'un des premiers manuels de papyrologie.

CAPART Jean, Revue de l'Université de Bruxelles 5 (1899-1900), pp. 530-532.

L'avenir n'a pas démenti le jugement de Jean CAPART, qui saluait dans l'arrivée massive des papyrus grecs d'Égypte une sorte de "seconde Renaissance".
De quelques années cadet du précédent, Henri GRÉGOIRE (1881-1964) était diplômé de l'Université de Liège, où il avait été à l'école de Charles MICHEL (1861-1929), auteur d'une célèbre anthologie d'inscriptions grecques (publiée à Bruxelles en 1900). Après avoir parfait sa formation à Munich et à Berlin, où il avait fréquenté le séminaire du célèbre papyrologue Ulrich von WILAMOWITZ (1848-1931), Henri GRÉGOIRE a rejoint l'École Française d'Athènes en 1906, comme membre étranger. Sur le conseil de Franz CUMONT (1868-1947), de l'Université de Gand, il a alors parcouru la Grèce et l'Asie Mineure, en quête d'inscriptions. De ces voyages sont issus deux ouvrages qui ont fait date dans le domaine de l'épigraphie grecque.

ANDERSON John G.C., Franz CUMONT et Henri GRÉGOIRE, Studia Pontica. Recueil des inscriptions grecques et latines du Pont et de l'Arménie. III. Bruxelles, H. Lamertin, 1910, 4°, 256 pp., nombr. figg.

GRÉGOIRE Henri, Recueil des inscriptions grecques chrétiennes d'Asie Mineure. Fascicule I [seul paru]. Paris, Leroux, 1922, 4°, 128 pp.

En 1909, à peine rentré en Belgique, Henri GRÉGOIRE obtint à l'ULB la chaire de grec libérée par le départ à la retraite d'Alphonse WILLEMS (1839-1912), spécialiste d'Aristophane. On intégra à sa charge le cours d'Épigraphie grecque, qui avait été créé en 1887 (sous l'intitulé d'Épigraphie grecque et latine) et qu'avaient successivement assumé le Néerlandais Johann Christoph VOLLGRAFF (1848-1920), jusqu'à son départ pour Utrecht en 1902, et Marc Antoine KUGENER (1873-1941). Henri GRÉGOIRE ne cessa d'élargir le champ de ses compétences; c'est comme byzantiniste qu'il s'est finalement acquis une réputation internationale.
En 1925, le roi Fouad Ier plaçait Henri GRÉGOIRE à la tête de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université du Caire, fonction qu'il exerça pendant 3 ans. L'ULB fit appel pour le remplacer à un helléniste frais émoulu de l'Université de Gand, Marcel HOMBERT (1900-1992). Ce dernier, élève de Joseph BIDEZ (1867-1945), s'était initié à la papyrologie à Londres, auprès de Sir Harold BELL (1879-1967), et à Paris, auprès de Pierre JOUGUET (1869-1949). C'est tout naturellement à la promotion de la papyrologie que le jeune suppléant consacra sa leçon inaugurale, le 27 octobre 1925. Répondant à sa sollicitation, le Conseil d'administration de l'ULB lui confiait, quelques semaines plus tard, le nouveau cours de Papyrologie. Organisateur infatigable, Marcel HOMBERT fut l'âme des congrès internationaux de papyrologie, dont la série s'est ouverte à Bruxelles en 1930, et le père de l'Association Internationale de Papyrologues, dont le siège demeure établi à Bruxelles. À la Fondation Égyptologique Reine Élisabeth (aujourd'hui Association Égyptologique Reine Élisabeth), créée par Jean CAPART, Marcel HOMBERT mit sur pied l'une des plus riches bibliothèques de papyrologie au monde. On lira en annexe le texte de la leçon d'ouverture, pleine de charme, prononcée en 1925 par Marcel HOMBERT.
Le moindre des mérites de Marcel HOMBERT ne fut pas d'initier à la papyrologie des générations de philologues et d'historiens, à commencer par Claire PRÉAUX (1904-1979), dont l'aura devait si profondément marquer l'École de Bruxelles. La place manque pour rappeler ici les étapes d'une carrière à tous égards exemplaire, couronnée en 1953 par le Prix Franqui, la plus haute distinction scientifique belge. Rappelons seulement les titres de deux ouvrages qui dominent nos études.

PRÉAUX Claire, L'Économie royale des Lagides. Bruxelles, Fondation Égyptologique Reine Élisabeth, 1939, 8°, 646 pp.

—, Le monde hellénistique. La Grèce et l'Orient de la mort d'Alexandre à la conquête romaine de la Grèce (323-146 av. J.-C.) (Nouvelle Clio. 6; - 6bis.). Paris, Presses Universitaires de France, 1978, 8°, 770 pp., 2 cartes.

Le CPEG a célébré le 100e anniversaire de la naissance de Claire Préaux, le 21 décembre 2004, en mettant en ligne une biographie et une bibliographie de la savante, ainsi que le texte complet de son premier article, paru en 1927. Cliquer ici pour accéder à ces textes.

Jean BINGEN (1920-2012) recueillit au fil des années l'héritage de ces illustres prédécesseurs. C'est sous sa houlette que le CPEG vit le jour en 1973. Georges NACHTERGAEL (1934-2009) contribua beaucoup à son développement.